Le 12 juillet dernier, Jean Cloutier et moi voguons dans l’estuaire du Saint-Laurent. 14 km de Zodiac à faire. Des phoques nous regardent, couchés sur des rochers. Il y a l’île Bicquette et son phare au loin.
Mais l’histoire commence 9 mois plus tôt.
Jean et moi on discute d’aller visiter un phare ensemble. Je lui lance l’idée de l’île Bicquette. Jean est depuis peu en contact avec Marc Lapointe, la personne qui s’occupe de l’exploitation du duvet d’eiders sur cette minuscule île. Minuscule oui, mais qui fournie pourtant une grande proportion de la production québécoise de duvet d’eiders. En s’occupant de l’île, il est devenu de facto le gardien du phare. Pas que ce titre lui soit officiellement attribué, mais il a comme nous cette impression qu’il doit faire quelque chose pour sauvegarder ce bout de notre histoire maritime. C’est dans cet état d’esprit qu’il accepte de nous emmener sur l’île.
Avec dans une main une permission écrite du Service Canadien de la Faune et dans l’autre un appareil photo, j’embarque en Zodiac au petit quai du Bic, tout près du parc national du même nom.
Datant de 1844, le phare de l’île Bicquette est construit de la même façon que celui de l’Île Rouge et du Pilier de Pierre. Voici ce qu’en dit Jean Cloutier dans un article paru dans le Bulletin des Amis des Phares de l’automne 2014:
Ces trois phares côtiers sont l’œuvre de l’architecte Joseph Archer et de l’ingénieur Charles Alterton. C’est du côté nord-ouest de l’île Bicquette, se trouvant elle aussi au Nord d’une plus grande île appelée l’île du Bic, que l’ouvrage s’est effectué. Les pierres nécessaires à l’érection de ces trois tours ont été bien taillées, préparées et ajustées comme des jeux de blocs pour pouvoir être remontées sans encombre sur les sites choisis. C’est de l’Écosse, au nord de l’Angleterre que proviennent ces pierres qui ont été chargées à bord des navires comme leste pour faire le voyage jusqu’à la colonie. La tour circulaire en pierre grise (limestone) de l’île Bicquette est assise sur une base de vingt-deux pieds (6,7 m) de diamètre pour s’élever à une hauteur de soixante-cinq pieds (19,8 m). Avec la lanterne rouge équipée du système lumineux, le phare a 74 pieds (22,5 m) de haut pour une hauteur focale au-dessus du niveau de la mer de 112 pieds (34 m).
À notre retour sur la terre ferme, on est allé rencontrer Patrice Thibault, le dernier gardien de l’endroit avant l’automatisation. Il nous a parlé des anciens gardiens qu’il connaissait.
Je me sens privilégié d’avoir pu visiter cet endroit. J’en garde de magnifiques souvenirs… et 1210 photos.