Après une journée à photographier le phare de l’île Rouge et celui du Haut-fond Prince une nuit de repos fut fort appréciée.
Le plan à l’origine était que nous dormions à Saint-Siméon et que Marc Loiselle, capitaine de Zodiac, parte très tôt de Tadoussac pour venir nous rejoindre au quai dès les premières lueurs du jour. Au matin, mère nature a brouillé les plans puisque le fleuve était très brumeux, rendant la navigation à vue impossible. Marc et moi étant en contact téléphonique, nous avons donc décidé d’attendre un peu, pour laisser le temps à la brume de se dissiper.
À mesure que le temps passait, je savais que les conditions de lumière optimales ne seraient plus combinées, mais n’étant qu’à quelques kilomètres du but, je voulais au moins essayer de me rendre au phare, quitte à revenir une prochaine fois pour obtenir une lumière différente.
Marc est arrivé à Saint-Siméon à 10 heures. La lumière était encore intéressante à ce moment. J’ai décidé de filer vers le phare du Cap de la Tête au Chien en premier puisque c’est celui qui est le plus difficile d’accès et vers lequel j’aurais le plus de difficulté à retourner une autre fois. La mer était calme ce matin là, ce qui faisait changement de la veille. Nous pouvions naviguer à environ 15 nœuds. Le trajet s’est fait rapidement et sans embûche.
Le phare a été construit sur le haut d’un promontoire rocheux, loin de tout chemin terrestre. Situé à 8,5 km au nord-est de Saint-Siméon, il éclaire le fleuve depuis 1909. Malgré le fait qu’il soit sur le continent, il est difficile d’accès puisque la route 138 tourne vers le nord dans ce secteur et que le phare est entouré de montagnes. On ne peut donc accéder à la station de phare que par hélicoptère ou par bateau. Les rochers qui touchent à l’eau sont abrupts et la couleur verdâtre nous indique qu’ils sont aussi très glissants puisque c’est une zone humide et qu’il y pousse des algues.
La marée était basse au moment où nous sommes arrivés à la falaise. La corde qui est installée pour aider au débarquement était trop haute pour l’atteindre. Marc et moi avons identifié deux autres endroits potentiels où il pourrait me débarquer. On choisit finalement une crevasse située à gauche du bâtiment de la corne de brume. Mon plan: escalader les rochers pour me rendre à la vieille passerelle. En utilisant une rame pour garder mon équilibre, je me hisse hors du bateau qui me sert ensuite d’appui pour monter sur les premières roches. Pendant tout ce temps, Marc garda les moteurs en activité pour que le Zodiac reste bien collé sur les rochers.
Je réalise que ça ne semble pas si impressionnant sur les photos, mais sur place c’était quelque chose à grimper. Je suis quand même en bonne forme physique et j’ai eu chaud. La montée était vertigineuse et la chute potentielle vers l’eau n’était pas très réjouissante. Je dois vous faire un aveu: j’ai peur des hauteurs et je suis aussi craintif face à l’eau. La chasse aux phares en général et celui-ci en particulier est donc un défi pour moi puisque je dois repousser mes limites personnelles. La fin justifie les moyens: j’ai des craintes, mais je veux tellement obtenir une bonne photo que je passe par-dessus ces craintes pour arriver à destination.
Arrivé à la passerelle, je me rends vite compte qu’elle s’est fragilisée avec le temps. Je marche donc lentement et sur les travers pour m’assurer de ne pas me retrouver 2 mètres plus bas sur les rochers. Plus loin, il y a un petit escalier et des arbres ont commencé à pousser entre les marches. Je me hisse enfin sur la plateforme d’hélicoptère pour arriver dans la partie qui a été remise à neuf. À ce moment, j’enlève ma veste de flottaison. J’ai chaud. Et je sais ce qui m’attend: 283 marches à monter pour me rendre au phare.
J’arrive finalement en haut sans trop de problèmes. C’est dans ces occasions que je me trouve brillant de faire du jogging régulièrement.
Les bâtiments de la station de phare sont tous reliés par des trottoirs de bois. Il y a les maisons du gardien et de l’assistant-gardien, construits selon les plans standards des années 1950. Il y a aussi un hangar et, un peu plus haut, le phare lui-même. Il n’est pas très haut – 38 pieds – mais sa portée est équivalente à d’autres puisqu’il est sur le haut d’une falaise.
Voici quelques photos du phare du Cap de la Tête au Chien…
Quelques minutes plus tard, les jambes un peu molles, j’ai fait le trajet inverse pour revenir au bateau.
L’heure de la belle lumière est pas mal terminée, mais il y a un peu de brume, ce qui me donne espoir. Direction, phare du Cap-au-Saumon…